A review by les_lectures_hallucinees
Petite-ville by Mélikah Abdelmoumen

4.0

Un polar à caractère social qui a beaucoup de mordant. Dès les premières pages, on sent la tension qui émane de la «petite-ville» que Melikah Abdelmoumen nous dépeint. En ne mettant pas toujours l'accent sur l'intrigue principale, l'œuvre a même tendance à évoluer vers un horizon dystopique qui se manifeste à travers les inégalités sociales.

Dans son désir d'une société égalitaire, Mélikah Abdelmoumen exprime clairement ses intentions. Avec un ton très vite rendu reconnaissable et captivant, l’écrivaine dénonce les abus de pouvoir et inégalités d'une société malade qu'elle perçoit. Petite-Ville prend rapidement l'aspect d'un roman-éventail, dénonçant une multitude de causes auxquelles tout le monde peut s'identifier. Elle confronte ses personnages au racisme, les attitudes belliqueuses des positions de force, le regard de la police, la pauvreté et l'influence des médias sur l'opinion publique. Elle met en scène des personnages brillants mais épuisés par la lourdeur de la société qu'ils subissent, et l'auteure offre une vision surprenante de la dépendance à l'alcool et des tensions familiales. Le reflet de notre société actuelle que Melikah Abdelmoumen projette est criant de pertinence.

Si parfois le momentum du récit pourrait s'effriter à cause des pages grises et quelques relations complexes entre certains personnages, il n'en demeure pas moins que le récit de Petite-Ville en offre beaucoup plus qu'il n'y paraît en surface et ce, dans un genre littéraire comme le polar qui avait besoin de se faire secouer sur la scène littéraire québécoise. Sous ce polar brillant qui n'est pas sans rappeler les beaux jours de James Ellroy, The City and the City de China Miéville et Joyce Carol Oates, se cache une critique sociale frappante, sans complaisance et maîtrisée.