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A review by mygoldengallery
Sang impur by Hugo Hamilton
4.0
Il est toujours délicat de donner son avis et d'analyser la vie de quelqu'un. Dans ce premier tome de ses romans autobiographiques, Hugo Hamilton raconte son enfance tourmentée entre ses expériences contradictoires et les violences d'un père aimant. Ce ne sont pas tant ses deux cultures qui l'ont divisé mais plutôt son environnement. Un jour, il voulait être allemand et prouver à tous qu'il pouvait être fort et cruel. Le lendemain, il voulait être un pur Irlandais, qui parlait en disant le contraire.
Le passé de chacun de ses parents n'y est pas pour rien. Il raconte l'histoire de sa mère en la mêlant à sa vie d'enfant, en plaçant des éléments postérieurs avant d'autres. Le tout reste cohérent. Parfois, plus loin entre les pages, il revient sur certains moments déjà racontés, ne les modifie pas mais les complète et les rend encore plus concrets. Comme celle-ci le faisait, il narre le passé, cache certains détails, en révèle d'autres, dit la dure vérité, celle difficile à révéler par écrit. Et quelle prouesse d'écriture, quel style ! Parfois, l'innocence de l'enfance semble revenir et l'impression de lire les révélations d'un enfant se fait ressentir. La vérité qu'il en ressort n'en est que plus grande.
Nous avons en vis-à-vis de sa propre histoire, l'histoire de l'Allemagne de la Seconde Guerre mondiale, et celle de sa reconstruction, et celle de l'Irlande d'entre-deux guerres et d'après également. Il semble brasser différentes époques pour montrer leurs similitudes et leurs différences. Et alors que l’Allemagne apparait comme un peuple boudé mais prospère, l’Irlande apparait comme un pays boudeur et derrière les autres, qui peine à sortir la tête de l’eau. La vie de son père aura été un véritable combat. Il aura tenté à mainte reprise, de sauver sa famille de la dérive comme il va de soi à la première lecture, mais surtout, de sauver l’Irlande de l’Empire Britannique et de son emprise. Il éduque ses enfants dans ce sens, quitte à ceux-ci en souffre, « pour le bien de l’Irlande ». Cet état d’esprit, assez minoritaire alors en République d’Irlande, finira par peser sur les épaules de toute la famille. Moins il y a de monde, plus le poids de ce que nous tentons de porter fièrement est lourd. Cependant, son père ne perdra jamais espoir. A plusieurs reprises, cette phrase, approximativement retranscrite ici, revient comme un dicton, voire un mantra : il faut avancer, créer et inventer toutes ces choses qui ne sont pas encore finies en Irlande. Peut-être qu’à l’époque, une reconversion du pays vers ses origines semblait encore possible à ceux qui y croyaient. Le mot de « dé-anglicisation » n'appariait qu’une fois dans le roman, mais m’a marquée, « Il était tant que l’Irlande se tienne sur ses deux pieds » ; « L’Irlande n’existait que dans les chansons, loin, très loin dans le passé ou dans l’avenir ». Son père accorde à sa langue natale, autant d’importance qu’à l’air qu’il respire.
Sa mère, au contraire, semble plus réservée. Elle ne semble pas se battre pour répartir le poids de son combat sur plusieurs épaules. Elle porte toute seule le poids de son passé, et pour ne pas finir écrasée par ses souvenirs, elle raconte son histoire à ses enfants. Les choses trop imposantes, elle préfère les écrire pour qu’à leur tour, ses enfants ne soient pas écrasés. Comme elle disait, « ça ne servait à rien de vouloir être innocent. Ma mère dit qu’on ne peut être innocent qu’en acceptant la culpabilité. On ne peut grandir qu’en acceptant la honte. »
Le passé de chacun de ses parents n'y est pas pour rien. Il raconte l'histoire de sa mère en la mêlant à sa vie d'enfant, en plaçant des éléments postérieurs avant d'autres. Le tout reste cohérent. Parfois, plus loin entre les pages, il revient sur certains moments déjà racontés, ne les modifie pas mais les complète et les rend encore plus concrets. Comme celle-ci le faisait, il narre le passé, cache certains détails, en révèle d'autres, dit la dure vérité, celle difficile à révéler par écrit. Et quelle prouesse d'écriture, quel style ! Parfois, l'innocence de l'enfance semble revenir et l'impression de lire les révélations d'un enfant se fait ressentir. La vérité qu'il en ressort n'en est que plus grande.
Nous avons en vis-à-vis de sa propre histoire, l'histoire de l'Allemagne de la Seconde Guerre mondiale, et celle de sa reconstruction, et celle de l'Irlande d'entre-deux guerres et d'après également. Il semble brasser différentes époques pour montrer leurs similitudes et leurs différences. Et alors que l’Allemagne apparait comme un peuple boudé mais prospère, l’Irlande apparait comme un pays boudeur et derrière les autres, qui peine à sortir la tête de l’eau. La vie de son père aura été un véritable combat. Il aura tenté à mainte reprise, de sauver sa famille de la dérive comme il va de soi à la première lecture, mais surtout, de sauver l’Irlande de l’Empire Britannique et de son emprise. Il éduque ses enfants dans ce sens, quitte à ceux-ci en souffre, « pour le bien de l’Irlande ». Cet état d’esprit, assez minoritaire alors en République d’Irlande, finira par peser sur les épaules de toute la famille. Moins il y a de monde, plus le poids de ce que nous tentons de porter fièrement est lourd. Cependant, son père ne perdra jamais espoir. A plusieurs reprises, cette phrase, approximativement retranscrite ici, revient comme un dicton, voire un mantra : il faut avancer, créer et inventer toutes ces choses qui ne sont pas encore finies en Irlande. Peut-être qu’à l’époque, une reconversion du pays vers ses origines semblait encore possible à ceux qui y croyaient. Le mot de « dé-anglicisation » n'appariait qu’une fois dans le roman, mais m’a marquée, « Il était tant que l’Irlande se tienne sur ses deux pieds » ; « L’Irlande n’existait que dans les chansons, loin, très loin dans le passé ou dans l’avenir ». Son père accorde à sa langue natale, autant d’importance qu’à l’air qu’il respire.
Sa mère, au contraire, semble plus réservée. Elle ne semble pas se battre pour répartir le poids de son combat sur plusieurs épaules. Elle porte toute seule le poids de son passé, et pour ne pas finir écrasée par ses souvenirs, elle raconte son histoire à ses enfants. Les choses trop imposantes, elle préfère les écrire pour qu’à leur tour, ses enfants ne soient pas écrasés. Comme elle disait, « ça ne servait à rien de vouloir être innocent. Ma mère dit qu’on ne peut être innocent qu’en acceptant la culpabilité. On ne peut grandir qu’en acceptant la honte. »