A review by choupitali
Livre de La Jungle by Rudyard Kipling

3.0

Je poursuis ma redécouverte des livres adaptés par Walt Disney avec Le Livre de la jungle. Qui n'a jamais chantonné la célèbre chanson « Il en faut peu pour être heureux » ? Qui n'a jamais susurré « Aie confiiiaaance, croooiiis-en moooiii » ? Qui n'a jamais souhaité patrouiller avec les éléphants ? Bref, ce dessin animé a enchanté la jeunesse de beaucoup de personnes mais quel choc lorsqu'on lit le livre original !

Le Livre de la jungle est en réalité un recueil de nouvelles et l'histoire de Mowgli n'en constitue que la moitié. Quant à son déroulement, il n'en est pas moins déroutant. En effet, Mowgli est bien un petit d'homme recueilli par une famille de loups, mais dans le récit, l'enfant, tout comme ses parents, est poursuivi par le tigre Shere Khan. Le bambin parvient miraculeusement à échapper aux pattes du félin et se réfugie près de la Mère Louve avec les louveteaux. Le tigre interpelle donc le Père Loup afin qu'il lui donne sa proie, mais l'affaire est conduite devant le Clan du Peuple Libre, c'est à dire celui de ces canidés sauvages. Au conseil sont présents l'ours Baloo, la panthère Bagheera, le tigre Shere Khan et enfin les loups dirigés par leur chef Akela. Mowgli est accepté dans le Peuple Libre sous certaines conditions et vit donc sa vie au milieu des canidés, au grand dam du tigre qui cherche à le tuer.
L'enfant sauvage apprend le langage des animaux de la jungle ainsi que les Maîtres Mots lui permettant d'obtenir l'aide de quiconque. Ces enseignements viennent de Baloo qui se montre un instructeur plutôt autoritaire, lui mettant quelque fois des coups de pattes plutôt puissants lorsque Mowgli se montre insolent. C'est Bagheera qui insiste pour que l'ours se montre plus doux avec l'enfant. Cependant, ces leçons se montrent fructueuse puisque lors d'une aventure, le sauvageon se retrouve capturé par les Bandar Log, c'est à dire le Peuple des Singes, considérés comme sans foi ni loi par le Peuple de la Jungle. C'est durant cet épisode que la petite troupe rencontrera Kaa et connaîtra son pouvoir hypnotique, seul l'enfant-loup étant immunisé.
Grandissant, Mowgli se voit rejeté par le Peuple Libre manipulé par Shere Khan et se rendra de plein gré dans un village d'hommes. Cependant, l'enfant sera de nouveau expulsé, les indigènes le croyant coupable de sorcellerie après qu'il eut ridiculisé le chasseur du village. Ainsi, Mowgli finira sa vie dans la jungle, en tant qu'être indépendant et ne se comportera en véritable homme que bien plus tard.

Nous sommes bien loin de la vision qu'en a rapporté le film d'animation ! Par ailleurs, la défaite de Shere Khan se solde par sa mort et d'une autre façon qu'avec l'aide du feu, cet élément étant tout de même présent pour provoquer le félin plus tôt dans le récit. Mais le plus étonnant est bien sûr le traitement des personnages. Oublié l'ours débonnaire, oublié la panthère sévère, oublié le garçon capricieux et désobéissant ; bonjour autorité, sagesse et réflexion.
Ainsi, le livre cherche à transmettre des valeurs importantes aux jeunes lecteurs, l'amitié, l'obéissance, le savoir, l'acceptation des différences, mais également des notions qu'ils pourront rencontrer dans la vie comme la trahison, la cruauté, l'avarice, le rejet.
Cependant, nous avons l'exemple parfait de l'adaptation qui demeure fidèle à la trame générale d'une histoire mais qui prend des libertés très agréables pour forger un excellent divertissement. Après tout, le dessin animé aurait été plus austère si nous ne pouvions jouer les paresseux après avoir chantonné qu'il faut se satisfaire du nécessaire.

Les autres nouvelles demeurent plus ou moins intéressantes. Dans Le Phoque blanc, on suit l'histoire d'un phoque qui découvre que son peuple est régulièrement chassé par les humains et part à l'aventure afin de chercher un endroit salvateur. Ce récit possède les éléments précurseur des discours écologiques visant à protéger les différentes espèces chassées pour leur peau.
Rikki-tikki-tavi nous parle d'une mangouste adoptée par une famille humaine et qui se verra sauvée des morsures de cobra de nombreuses fois par l'animal.
Toomai des Éléphants et Service de la Reine nous transportent en Inde, mais si la dernière nouvelle se révèle plutôt amusante dans le récit que font les animaux de leurs aptitudes différentes, l'autre est assez commune et plutôt ennuyeuse dans son développement.
Bien que ces nouvelles recèlent d'idées novatrices pour l'époque, leur longueur bien écourtées comparée à l'histoire de Mowgli les rendent pauvres malgré les talents de conteurs de Kipling. Il est dommage que l'auteur n'ait pas décidé de développer davantage l'univers de chaque nouvelles. En revanche, elles sont toutes suivies d'un poème en vers relatant les événement sous un jour qui n'est pas sans rappeler la manière qu'avaient les aèdes et les griots de chanter le monde.

Finalement, Le Livre de la jungle est un recueil très plaisant et surprenant à lire. L'histoire de Mowgli est sans conteste la plus prenante puisque le lecteur peut s'attacher plus longtemps aux personnages, mais les autres nouvelles forment des petites histoires très sympathiques pour des enfants.
Il faut savoir que l'auteur a écrit un Second Livre de la jungle qui s'attarde notamment sur les pérégrinations de Mowgli après son combat contre Shere Khan.